Sans surprise, un Gouvernement sans majorité ayant continuellement braqué les oppositions a subi la censure. L’événement est trop grave pour s’en réjouir mais témoigne d’un entêtement cynique dans la méthode.
Sans surprise encore, la prise de parole du Président de la République, ce jeudi 5 septembre, n’a apporté aucune solution de sortie de crise. Au travers d’un discours égocentré et méprisant, le chef de l’État a usé plus d’énergie à rejeter la faute de la crise politique actuelle sur les autres qu’à chercher des voies de sortie de crise.
Comme si la dissolution de juin dernier ayant sacrifié sa majorité et gonflé la place de l’extrême-droite au Palais Bourbon n’était pas de son fait.
Comme si la nomination d’un Premier ministre sans légitimité des urnes, dont la formation politique a rejeté le front républicain et ne représente que 40 députés, n’était pas sa responsabilité.
Comme si, enfin, les discours prophétiques autoréalisateurs promettant une catastrophe financière en cas de censure ne venaient pas de son propre camp.
Autant le dédouaner immédiatement du reste : son Premier ministre a su braquer la Gauche tout seul avec des méthodes législatives violentes qu’on n’attendrait pas d’un Gouvernement largement minoritaire, et avec sa constante danse du ventre à l’attention de l’extrême-droite. Il est alors trop facile de se réfugier derrière un soit-disant manque de responsabilité de l’opposition quand on a sciemment organisé leur marginalisation dans l’hémicycle.
Cette crise politique n’est pourtant pas inéluctable, et c’est maintenant au Président de la République de faire preuve de responsabilité. Le seul socle parlementaire alternatif apte à gouverner est celui de la Gauche et des écologistes, et doit être appelé à Matignon. Dans le contexte politique actuel, la méthode Macron doit servir à la Gauche d’exemple à ne pas reproduire : sans majorité absolue, c’est par le dialogue, la recherche de compromis et la fin des postures tribuniciennes que nous arriverons à rétablir de la stabilité et de la confiance dans notre pays.
La fin d’une ère en somme.
