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Non à la roulette russe !

Ce que doit être la position de la France dans le conflit Russie/Ukraine et les questions de défense européenne

« La guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens. » 

Par cette phrase, Clausewitz définit bien la guerre : tenter d’obtenir par la force ce qu’on n’a pu obtenir par d’autres moyens. Cela suppose bien sûr qu’on ait des objectifs précis à réaliser, pour soi-même ou pour d’autres.

Il ne s’agit donc pas, pour un véritable chef d’Etat, d’une aventure hasardée au nom d’une abstraction en tout endroit du globe et sans critères constants mais d’un danger majeur aux conséquences dramatiques que l’on encourt parce qu’on estime que le pays peut en retirer un avantage majeur et que les chances de réussir par rapport à un objectif clairement défini, existent.

Or la logique officielle d’Emmanuel Macron ne laisse pas d’inquiéter à la lecture de ses déclarations en rapport avec la question essentielle d’une possible nucléarisation du conflit russo-ukrainien.

En octobre 2024 il déclarait « Notre doctrine [nucléaire] repose sur ce qu’on appelle les intérêts fondamentaux de la Nation, et ils sont définis de manière très claire. Ça n’est pas du tout ça qui serait en cause s’il y avait par exemple une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région. »

En novembre 2024 (source AFP) il a en revanche jugé « tout à fait bonne » la décision des Etats-Unis d’autoriser que l’Ukraine utilise des missiles à longue portée en Russie, autrement dit qu’elle menace directement les centres vitaux russes, ouvrant ainsi la voie à une guerre totale.

Le 5 mars 2025 (Euronews) il qualifiait la Russie de « menace pour toute l’Europe » et son président d’impérialiste révisionniste. Il multiplie depuis les déclarations belliqueuses sans concertation préalable avec d’autres puissances. Leur seul effet réel semble être de fournir des matériels souvent déclassés ou inadaptés à l’Ukraine, au bénéfice éventuel des fournisseurs.
Il n’exclut pas maintenant que la dissuasion française, disposant de vecteurs marine intercontinentaux et exclusivement financée par les Français mais servant de facto à la protection de l’espace européen car du point de vue extérieur la menace existe déjà, puisse être formellement mise dans des conditions, bien sûr non précisées, à la disposition de « l’Europe » alias l’UE ce qui est en contradiction avec ses propres déclarations.

D’autre part les Etats-Unis ont ouvert la voie d’un règlement de paix dans un conflit dans lequel ils sont impliqués dès l’origine et font pression à cette fin sur Kyiv. Ils ont donc sacrifié leurs ambitions stratégiques à leurs intérêts économiques et sonné le glas de la vision atlantiste de la défense imposée pendant 50 ans par l’UE, laquelle critique par ailleurs les « dépenses publiques excessives » de la France donc sa défense autonome alors qu’elle lui profite, toute supériorité en guerre classique vis-à-vis de la « menace » russe étant exclue. Faut-il être dès lors plus royalistes que le roi ?

Dans ce contexte, Les Radicaux de Gauche – LRDG s’interrogent sur la politique menée par le Président à l’abri du concept flou et détestable de « domaine réservé » qui conduit à le laisser décider seul de la paix et de la guerre.

Ils réclament une authentique politique de défense de l’Europe, centrée non sur l’Union Européenne mais sur une association des puissances nucléaires du sous-continent, auxquelles viendraient s’agréger des Etats responsables priorisant l’industrie européenne, dans le cadre d’un système de défense européen retrouvant le principe de la décision populaire et pouvant être partenaire de l’OTAN, bref une CED XXI.

Ils excluent que dans le contexte budgétaire actuel, la France puisse mettre gratuitement et sans contrôle son potentiel de dissuasion à un groupement de pays dont beaucoup achètent américain donc sous le contrôle ultime des Etats-Unis.

Ils rappellent que construire une défense implique de défendre des valeurs autres qu’économiques ou financières dans un cadre indéfiniment élargi et influencé par les considérations personnelles des dirigeants. Entasser du matériel dans des conditions hétérogènes, ce n’est pas préparer une bonne défense, c’est simplement permettre de bonnes affaires aux dépens d’autres priorités.
Le retour progressif au bon sens permettra d’assurer à la fois une défense solide et adaptée à toutes les circonstances envisageables et la cohérence avec les politiques sociales, environnementales, citoyennes, humaines d’une véritable Europe et ceux d’un pays-monde, le nôtre.