Une tribune d’Isabelle Amaglio-Térisse et Stéphane Saint-André
La réforme des retraites vient d’être adoptée aux forceps au Parlement au terme d’un processus autoritaire qui a entraîné notre pays dans une crise majeure. La mobilisation sociale se poursuit et, face à cette réforme injuste et inutile, face à la surdité de nos dirigeants, nous avons l’espoir que le Conseil constitutionnel permette le retour à la raison et au dialogue.
Nous, radicaux de gauche, avons toujours été force de propositions et nous savons que d’autres options sont possibles pour pérenniser un dispositif de retraite qui constitue un acquis social essentiel pour toutes et tous. Nous avons également chevillé au corps le sens du dialogue démocratique et le respect des Institutions républicaines. Mais le véritable contournement auquel s’est livré le Gouvernement nous heurte : s’il respecte le texte de la Constitution, il en méprise profondément l’esprit. Alors que notre pays se soulève, se fracture, le Gouvernement ne peut demeurer sourd à l’expression populaire. Ce ne sont pas des policiers-voltigeurs qui feront taire les manifestants, mais de véritables gardiens de la paix.
Dans ce contexte très singulier, si le Conseil constitutionnel n’invalidait pas cette loi, nous insisterions sur son retrait par le Gouvernement tout en étant lucides sur les faibles chances d’être entendus. C’est pour cette raison que, en dépit de notre attachement à la démocratie représentative, nous envisageons d’ores et déjà de soutenir les demandes référendum d’initiative partagée et de prendre toute notre part dans ce processus.
Alors que les législatives en cours montrent que le camp macroniste s’affaisse, que des députés de la majorité co-signent désormais des amendements frontistes, nous savons que la politique gouvernementale dérive à droite (voire au-delà) et se polarisera sur des mesures de régression, au-delà de celles qui sont déjà à l’œuvre depuis 2017.
Face aux risques sociaux et politiques, face aux attentes populaires, c’est notre responsabilité de radicaux de gauche de continuer à agir, notamment au sein de la Fédération de la gauche républicaine, à nous mobiliser, notamment sur le terrain, à imaginer des options nouvelles, fidèles à notre engagement historique en faveur d’une démocratie sociale.